Situé à une dizaine de kilomètres de Blois, Orchaise regorge d'histoires et de mystères.

Faites découvrir à vos enfants l’histoire de cette église d’origine carolingienne dont vous apercevrez encore aujourd’hui les marques de cette époque : observer ensemble ces pierres en forme de maison , juste devant la façade, qui sont les témoignages de cette époque.
Sous son porche, vous y découvrirez l’origine du nom du village qui est assez
surprenant ! Mais, le plus étonnant se cache à l’intérieur...
Fermez les yeux et entrez admirer son chœur qui saura sans aucun doute, vous et vos enfants, vous « envoûter ».

Image soumise à des droits d'auteur/archives personnelles
Vous serez surpris par cette étonnante fresque monumentale réalisée en 1993 par Denys de Solère sur les 80 m² du chœur : "le retour glorieux du Christ entraîné par Saint-Barthélemy" (le patron de l’église).
Mais connaissez-vous le petit secret bien gardé de cette église ?
L’église se situe sur les hauteurs de la Vallée de la Cisse. En dessous, se trouvaient des grottes (aujourd’hui fermées) où passaient deux rivières. Un emplacement idéal pour créer un lieu de culte. Selon certaines sources, ici même, nous avions un temple druidique ! Ce site était très connu et pendant longtemps il était un lieu de rassemblement important pour le peuple Carnutes.
Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur ce peuple gaulois :
Mais qui sont les Carnutes ?
Les premiers témoignages sur ce peuple remontent surtout au 1 siècle avant J.C,
notamment grâce aux célèbres écrits de Tite-live, un historien romain et bien sûr de Jules César dans La Guerre des Gaules. César mit huit ans à soumettre la Gaule, divisée en 3 grands peuples : les Belges au nord, les Aquitains au sud-ouest et les Celtes au centre.
César les nomme Galli : un nom que ces peuples se donnaient "Gals" signifiant "vaillant, costaud" en celte.
Les premières traces de ces rencontres entre les Celtes et la Méditerranée, remonte
au VII av.JC. Les Grecs, des voyageurs phocéens arrivent à Marseille et créent leur colonie. Rapidement, ils commercent avec les Celtes, en échange de leur métaux, ils leur vendent du vin. Plus tard, les Étrusques (aux origines de Rome) prendront eux-aussi contact avec ces Gaulois. Cette appellation Kelt, Guelt, Galth s’étendra ainsi sur une grande partie du territoire.
Le mot CELTIKE viendrait probablement du grec ancien qui signifie "terre abordée", qui marque ainsi l'expansion de leur commerce avec ces populations indigènes.
[source : colloque archéologique, présenté par Dominique Gracia, président de l'INRAP en France le 21janvier 2022]

Les Carnutes sont donc bien des Celtes. Mais, comme beaucoup de ces peuples, ils viennent d'ailleurs. Voici une petite carte mettant en avant les origines de ce peuple et leur expansion vers l'Europe :

[source : https://www.axl.cefan.ulaval.ca/monde/Celtes-origines.htm]
Deux grandes vagues d'immigration se sont faites à une époque plus ancienne,
au Néolithique, -6000 à -3000 avant J.C.
C’est un des peuples les plus importants de la Gaule. Son territoire s’étend sur une partie du Loir-et-Cher, du Loiret et dans l’Eure et Loire, leur capitale est Chartres, dont proviendrait leur nom.
À la septième année de conquête de la Gaule, ce peuple se rallie au célèbre Vercingétorix, pour se soulever, contre l’armée de César et participe activement à la création de la « Nation Celte ». Pour les passionnés de Bandes Dessinées, vous les avez probablement aperçu de nombreuses fois dans les albums de Astérix et Obélix,
comme par exemple :
La Serpe d'Or où Panoramix, qui a brisé sa serpe dans la forêt, ne peut plus se rendre à la grande cérémonie qui a lieu chez les Carnutes.
Astérix et les Goths, le druide se rend à cette grande réunion des druides organisée par leurs voisins, les Carnutes.
Le Devin, Panoramix mentionne les Carnutes en racontant son apprentissage et leurs grandes connaissances druidiques.

C’est donc un peuple important et leur territoire notamment leurs temples seront souvent utilisés comme site de rassemblement pour les druides de la Gaule celte, qui s’y réunissent une fois
par an.
Ces grottes, situées ici à Orchaise, reflétaient cette coutume.
Les druides sont les maîtres de ces temples. Leur enseignement est surtout oral, c’est pour cette raison, qu’il nous est difficile d’en connaître les pratiques réelles. Selon les écrits de Jules César, les Gaulois portent un intérêt fort aux pratiques religieuses. Les druides font régulièrement des sacrifices humains à leurs dieux notamment, Lug,
le plus important qui correspondrait au dieu romain, Mercure.
(à lire : Explorez les lieux sacrés des Carnutes du Lavardin)
Quelle sont leurs croyances ?
Ces lointains ancêtres expliquaient certains phénomènes de la Nature en supposant qu’ils existent des génies : Bien et Mal. Pour chasser le Mal, les druides purifiaient par le feu les endroits où ils se cachaient : air, champs, fontaines, bois.
La vie celtique est rythmée par de nombreuses cérémonies. Ces grottes font partie de ces lieux de rassemblement pour ces traditions celtes.
Lorsque le prieuré fut construit en 1060, sous Philippe 1er (âgé de 8 ans !) les moines rencontrèrent de difficultés à convaincre ce peuple de se convertir.
Au fil du temps, certains rites païens se sont mélangés à nos rites chrétiens.
Le parfait exemple est celui du Carnaval ! Ses origines sont celtiques. Autrefois, on célébrait à la même période, la fête des Brandons (ou bures) Brandon signifiant "bouchon de paille" qui était, lors de cette cérémonie, accompagné d’une torche.
Dans la tradition, on créait un immense bûcher en allant couper dans les bois, un arbre long et droit, peu importe l'espèce, et la nuit tombée, un cortège se formait musette et vielle en tête.

Cette tradition fut pendant très longtemps célébrée dans tous nos villages de France comme ici à Orchaise.
L'objectif de ce rite était d'éloigner le Mal et de pouvoir garantir de bonnes récoltes, en cette nouvelle année, qui autrefois commençait en mars. Un feu de paille pour une année heureuse !
Une fête qui hélas est tombée dans l'oubli et qui s'est substituée au célèbre Carnaval.
sources : Jean-Louis Brunaux. Les Celtes, un mythe qui traverse les siècles . Dossiers d’Archéologie, Éditions Faton, 2015,