Le Pont Saint Michel, vestige de l'ancien Temps.
Saint-Gervais-la-Forêt pour beaucoup de voyageurs, c'est avant tout une longue route qui relie le centre-ville de Blois, à son quartier sud, Blois Vienne et qui traverse la petite commune jusqu'aux portes de la Sologne.
Si vous pénétrez un peu plus dans ces terres, en vous rendant vers le moulin, près du centre équestre, nous apercevrez, une fois franchi le petit pont, cachées par la végétation, ces magnifiques fondations attestées depuis le Moyen-âge : le pont Saint-Michel.
Cette ancienne route, longue de 2 kilomètres, permettait de franchir cette terre inondable de la Loire, grâce à une série d'arches entrecoupées de levées de terre.
De nombreuses crues mirent à mal cette construction, dont la dernière encore visible par la présence de cette marre autour, date du XIX siècle.
Mais saviez-vous que ce petit chemin, hélas, n'avait pas bonne réputation ?
Une croix de Saint-Michel, autrefois, se situait à l'entrée assurant la protection contre le Mal.
Mais de quel Mal parlaient-ils ?
Une des plus grandes peurs du voyageur autrefois, c'était de tomber sur ces brigands de grands chemins comme les Coquillards (une célèbre bande de bandits) qui se déguisaient en pèlerins portant une coquille sur leurs chapeaux et voler les voyageurs.
Mais les plus redoutés de tous, ce sont les "grandes compagnies" appelées aussi les "écorcheurs". Des mercenaires qui se vendaient aux seigneurs pour les aider à conquérir des terres. Un phénomène très répandu pendant la Guerre de Cent Ans, entre les Anglais et les Français. Venus de toute l'Europe, ils participaient à la guerre dans l'espoir de s'enrichir en pillant. Des hommes sans foi ni loi qui ne recherchaient que de l'or.
Quand certains grands seigneurs ne pouvaient plus les payer, les chefs de ces compagnies autorisaient leurs écorcheurs à se rendre dans les villages voisins ou sur les routes pour piller et voler. Ces comportements violents étaient hélas "tolérés" par les seigneurs, pour compenser leur manque de fortune. Ils faisaient ainsi vivre un cauchemar aux habitants des villages où ils régnaient parfois en maître.
On peut dire que, pendant la Guerre de Cent Ans, le pire souvenir pour le peuple français au XIV et XV siècles fut les incursions de ces Grandes Compagnies d'écorcheurs et non l'invasion anglaise proprement dite.
En 1453, à la fin de la Guerre de Cent Ans, ces bandits se dispersèrent, certains partirent en Espagne, d'autres se "convertirent" comme "simples" brigands de Grands Chemins, appelés aussi les feuillards ou les gaudins et restèrent près des routes et des forêts, pour créer leur bande.
Ainsi, vous voyez, ces routes n'étaient pas sûres ! Il fallait alors beaucoup de courage et la foi pour s'aventurer au-delà de la ville. Sans compter aussi les maladies que nous pouvions avoir à cause de ces terres marécageuses, des conditions climatiques ou encore en rencontrant des mendiants atteints de lèpre et autres maladies transmissibles, souvent rejetés par les villageois et qui erraient près des routes.
Ce pont situé à Saint-Gervais-la-forêt était très important car il permettait de regagner les deux axes principaux, le premier, vers Bourges et Montrichard, le second, vers Bordeaux et donc vers les Pyrénées pour se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle. Jeanne d'Arc a probablement dû emprunter ce chemin avec son armée en sortant du château de Blois.
Mais vous comprenez maintenant pourquoi ces quelques kilomètres suffisaient à susciter la peur.
C'est seulement en 1802, que le pont fut entièrement détruit et remplacé définitivement par la nouvelle route du Berry (appelée aujourd'hui, route nationale) qui avait été construite plus tôt en 1770.
Ainsi, en condamnant ce chemin, peut-être avons-nous aussi rendu la ville plus sûre et plus agréable pour nos belles promenades à Saint-Gervais-la-Forêt.
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